Cet article se focalise sur les quatre piliers qui soutiennent l’entrepreneuriat social en tant qu’alternative sérieuse, durable et inévitable à l’entrepreneuriat classique, l’activité atomique du capitalisme classique. Soutenu par des piliers stables, l’entrepreneuriat social vise à contrebalancer la conduite et la perspective commerciale traditionnelle afin de générer une nouvelle forme d’infrastructure économique pour tous les êtres humains partageant ce caillou flottant qu’est notre planète. L’institution économique révolutionnaire mise en avant par les entrepreneurs sociaux du monde entier s’appelle le capitalisme social, et nulle part ailleurs cette infrastructure économique n’est mieux établie que dans les pays scandinaves, notamment en Suède, en Finlande et en Norvège. Mais pour l’instant, concentrons-nous sur les quatre pierres angulaires qui permettent à l’entrepreneuriat social de s’ériger vers le haut, et qui nous permettent en quelque sorte d’espérer un monde plus beau, plus durable et plus égalitaire pour tous les humains et les êtres vivants de la terre.  

Les quatre piliers de l’entrepreneuriat social | L’altruisme 

L’altruisme est la première pierre du monument qu’est l’entrepreneuriat social. C’est la valeur fondamentale qui oriente une personne cherchant à avoir un impact positif sur sa communauté et sur le monde. Ainsi, un individu guidé par l’altruisme, une valeur au cœur de sa perspective de la vie, et qui utilise le monde des affaires en tant qu’entrepreneur pour générer un impact positif, est très probablement ce que nous appelons un entrepreneur social. En effet, l’altruisme est la valeur qui permet à un entrepreneur d’évacuer la nécessité de maximiser le profit à tout prix, une pratique que nous voyons malheureusement trop souvent en ce début de XXI^e siècle, et de se concentrer plutôt sur la maximisation de ce que l’on appelle le “profit social”. En d’autres termes, le profit monétaire est le bénéfice recherché par l’entrepreneur classique, que nous pouvons appeler “bénéfice financier”, tandis que le profit social est le bénéfice recherché par l’entrepreneur social, que nous pouvons appeler “bénéfice social”. L’altruisme est donc la valeur qui distingue la posture de l’entrepreneur à chercher de manière interne à maximiser ses bénéfices personnels ou en manière externe à maximiser les bénéfices sociaux/collectifs. N’oublions pas que l’entrepreneur social cherche certainement à réaliser un certain profit financier, afin que son entreprise soit durable dans le temps, mais l’objectif de son activité n’est pas de maximiser ce profit monétaire, mais simplement d’en réaliser un positif. En somme, l’altruisme est ce qui permet à l’individu de maximiser son bonheur et sa fierté en aidant les autres personnes de sa collectivité avec des solutions créatives et commerciales, en créant des avantages sociaux pour la communauté, plutôt que de compter sur le gain financier pour se sentir heureux et fier de soi grâce à travers son compte bancaire. 

Les quatre piliers de l’entrepreneuriat social | La réflexion consciencieuse à long terme 

Le deuxième pilier de l’entrepreneuriat social est la réflexion consciencieuse à long terme. Cette perspective, fondamentale pour l’entreprise sociale, considère le monde avec respect et appréciation pour les processus naturels qui créent les ressources utilisées par les humains afin d’augmenter leur niveau de confort. Le monde, vu à travers une perspective consciente à long terme, n’est pas une tirelire dans laquelle l’espèce humaine peut simplement prendre toutes les ressources dont elle a « besoin » au moment présent pour ses désirs immédiats. Cette façon de voir les choses appartient à l’entrepreneuriat classique, largement représenté par les grandes entreprises et les corporations, qui sont elles-mêmes des “personnes morales”, mais qui ont tendance à avoir un mode de pensée “inconscient” à très court terme. Celles-ci visent toujours à maximiser les bénéfices du prochain trimestre afin que les actionnaires soient heureux et que les gestionnaires exécutifs de ces grandes entreprises puissent recevoir un bonus, une augmentation ou une promotion. Cette pensée à court terme est très dangereuse pour notre espèce, et l’entrepreneur social le comprend consciemment. C’est pourquoi il ou elle a la capacité d’exprimer une pensée consciencieuse à long terme à travers son modèle d’affaires, son offre entrepreneuriale et ses solutions créatives. Le grand respect de la nature et de l’environnement est au cœur de cette capacité à produire des idées commerciales et stratégiques axées sur le long terme, car les entrepreneurs sociaux comprennent qu’un gros compte bancaire ne sert plus à rien s’il n’y a plus d’eau à boire, plus de nourriture à manger ou plus de terre hospitalière pour habiter sur notre belle et fragile planète. 

Les quatre piliers de l’entrepreneuriat social | La gestion efficace et efficiente 

Les deux premiers piliers étaient principalement fondés sur des valeurs individuelles et morales. Nous abordons à présent les pierres angulaires de l’entrepreneuriat social qui sont davantage fondées sur des valeurs collectives et commerciales. Le troisième pilier, aussi important que les précédents pour maintenir le monument de l’entreprise sociale stable et solide, est la gestion efficace et efficiente. Ce type de gestion est très populaire dans le monde des affaires traditionnel, car c’est un excellent outil pour maximiser le bénéfice net, étant donné que tous les types de coûts et dépenses sont minimisés grâce à ce type de gestion. Le système japonais Kaizen a été l’un des premiers types de systèmes de gestion efficace et efficient à être étudié et réappliqué à l’échelle globale, et c’est de là qu’est née la notion de production juste à temps, ainsi que de nombreux autres processus dits « efficaces » et « efficients ». La gestion efficace et efficiente existe donc depuis longtemps, et la question qui se pose à juste titre est la suivante: pourquoi la gestion efficace et efficiente est-elle un pilier de l’entrepreneuriat social ? La réponse est très simple. La survie d’une entreprise sociale repose en grande partie sur des pratiques de gestion interne efficaces et efficientes afin qu’elle puisse produire des bénéfices externes. L’agilité de l’entreprise est au cœur de l’entrepreneuriat social. C’est grâce à une infrastructure et à des processus efficaces et efficients que ce type d’entreprise peut se développer et croître dans un monde économique très concurrentiel. Un entrepreneur social doit absolument s’appuyer sur des pratiques de gestion efficaces et efficientes pour remplir la mission sociale et communautaire de son projet entrepreneurial, car plus il y a d’inefficacités et d’inefficiences au sein de l’entreprise, moins la communauté et la société dans son ensemble pourront en bénéficier. Cela va à l’encontre de l’objectif fondamental qui anime l’entrepreneuriat social. 

Les quatre piliers de l’entrepreneuriat social | L’esprit innovant et créatif 

Enfin, la quatrième et dernière pierre angulaire de l’entrepreneuriat social est un état d’esprit innovant et créatif. Ce pilier est crucial pour tout espoir de réussite d’un entrepreneur social, car c’est grâce à ce processus de réflexion innovant et créatif que des solutions commerciales sociales sont développées pour aider à répondre aux besoins des individus et des communautés ‘défavorisées’. L’innovation et la créativité sont des qualités essentielles pour les entrepreneurs sociaux, car ceux-ci cherchent à développer des offres commerciales qui répondent à des besoins sociaux spécifiques à un coût très raisonnable pour le consommateur. Ce pilier garantit ce que l’on appelle “l’avantage concurrentiel” dans l’infrastructure économique capitaliste classique, car ce n’est que grâce à l’innovation et à la créativité qu’une entreprise sociale peut obtenir des avantages par rapport à ses concurrents. En effet, ses autres espoirs d’obtenir des avantages concurrentiels sont très minces, voire inexistants, en dehors d’un état d’esprit d’entreprise innovante et créative. C’est pourquoi l’entrepreneur social doit nécessairement développer cet atout individuel pour assurer la réussite de son entreprise à l’échelle sociétale. 

— 

En conclusion, nous avons vu en détail ce qui constitue les piliers de l’entrepreneuriat social : l’altruisme, la pensée consciencieuse à long terme, la gestion efficace et efficiente, ainsi que l’esprit innovant et créatif. Ces quatre pierres angulaires sont les valeurs, les clés et les outils qui doivent être utilisés au cœur de toute entreprise sociale pour qu’elle survive et prospère dans ce 21^e siècle ultra compétitif dans lequel nous vivons tous. Ce sont les éléments fondamentaux qui feront la différence dans la capacité, la motivation et l’aspiration de tout entrepreneur social à faire la différence dans ce monde magnifique mais fatigué et malade que nous partageons tous.  

Que ces piliers soient les lignes directrices d’une manière à préserver notre monde naturel tout en construisant notre monde culturel et commercial. Que ces piliers soulèvent avec grâce l’entrepreneuriat social !